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première journée de marchandages à 27 sur le plan de relance

Une première journée d’intenses discussions a eu lieu vendredi entre les 27 dirigeants de l’Union européenne pour tenter de dégager un compromis sur un plan de relance massif de 750 milliards d’euros, objet de résistances, en particulier de la part des pays dits « frugaux ».

C’est la première fois que les chefs d’Etat et de gouvernement, arrivés un masque de protection sur le visage, se réunissent physiquement à Bruxelles en près de cinq mois, en raison de la pandémie de Covid-19.

Après plus de sept heures de discussions en conclave, ils se sont retrouvés pour dîner peu après 21H00 (19H00 GMT).

Celui-ci a été précédé de rencontres en plus petits groupes, comme l’a montré une photo sur laquelle on peut voir réunis sur une terrasse la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l’UE, le Français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avec le médiateur en chef du sommet, Charles Michel, le président du Conseil européen.

« La bonne nouvelle est que personne n’a quitté la salle » de réunion, a commenté une source diplomatique. « Tout le monde est constructif », a renchéri une source européenne.

Au menu des négociations : le plan de relance post-coronavirus, composé de 250 milliards de prêts, et surtout de subventions à hauteur de 500 milliards, qui n’auront pas à être remboursées par les Etats bénéficiaires.

Selon plusieurs sources européennes, ce dernier montant, qui pourrait être diminué, est au coeur des pourparlers.

– Jusqu’à dimanche ? –

Ce plan de relance est adossé au budget de l’UE à long terme (2021-2027) de 1.074 milliards d’euros.

Charles Michel a testé plusieurs variantes de sa proposition initiale de compromis, fruit de nouvelles discussions, et un nouveau projet pourrait être présenté aux experts des 27 après le dîner, a dit une source européenne.

Les discussions s’annoncent longues et difficiles, l’unanimité des Etats membres étant requise. Le sommet, prévu sur deux jours, pourrait se prolonger jusqu’à dimanche.

Selon la source diplomatique, les discussions ont commencé par trois sujets particulièrement cruciaux pour la suite du sommet : le montant global du plan, la façon dont seraient contrôlés les réformes entreprises par les principaux bénéficiaires des aides -essentiellement les pays du sud-, et la question des « rabais » dans les contributions accordés aux Etats qui versent davantage d’argent au budget de l’UE qu’ils n’en reçoivent.

Les « frugaux » – Pays-Bas, Autriche, Danemark, Suède – réclament des ristournes plus élevées.

Leur chef de file, le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, est arrivé à Bruxelles en estimant « à moins de 50% » les chances d’un accord.

Considéré comme partiellement responsable de l’échec d’un sommet en février consacré au budget de l’UE, c’est l’homme à convaincre. Il a eu un entretien en tête-à-tête avec Charles Michel avant le dîner.

Les « frugaux » – rejoints par la Finlande – ont émis de nombreuses réserves sur le plan de soutien qui devrait profiter avant tout à l’Italie et l’Espagne.

Ces deux pays, les plus affectés par la pandémie, sont aussi considérés comme les plus laxistes en matière budgétaire par les Etats du nord.

– Merkel cheffe d’orchestre –

Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a insisté sur la nécessité de savoir « à quoi serait utilisé l’argent » octroyé aux pays en difficulté.

Les exigences de réforme (marché du travail, système de retraite) des Etats du nord font bondir ceux du sud, inquiets d’être contraints de se soumettre à un programme imposé par d’autres, comme la Grèce au plus fort de la crise de la zone euro.

Pour mieux contrôler les plans nationaux, contrepartie de l’argent débloqué, M. Rutte est allé jusqu’à demander qu’ils soient validés à l’unanimité des 27 (et non à la majorité qualifiée comme l’a prévu Charles Michel).

Autre sujet délicat déjà abordé : le lien entre le versement d’argent et le respect de l’Etat de droit, pour la première fois inscrit dans un budget de l’UE.

La Pologne et la Hongrie, qui font l’objet de procédures au sein de l’Union en raison d’atteintes à l’indépendance de la justice ou aux droits fondamentaux, freinent des quatre fers.

Dans ce grand marchandage, Mme Merkel, qui s’est ralliée à l’idée d’une dette commune, suscite beaucoup d’espoirs.

Fêtant vendredi son 66e anniversaire, elle a été comblée de cadeaux : bouteilles de vin de bourgogne, chocolats belges, huile de rose bulgare et même… une baguette de chef d’orchestre.

bur-csg-clp-fmi-jri/bds

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