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L’Afrique de l’Ouest en sommet virtuel pour dénouer la crise au Mali

Les 15 présidents de la Cédéao étaient lundi en sommet virtuel extraordinaire, chacun dans leur capitale, pour tenter de résoudre la crise socio-politique qui ébranle le Mali depuis juin, alors que l’opposition menace de reprendre ses manifestations contre le président Ibrahim Boubacar Keïta.

Les chefs d’Etat devaient d’abord entendre le rapport du président en exercice de la Cédéao, le président nigérien Mahamadou Issoufou, sur la mission de médiation qu’il a menée le 23 juillet à Bamako avec ses pairs de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana et du Nigeria, selon une source proche de la Cédéao.

A l’issue d’une journée de discussions dans la capitale malienne, les cinq présidents ouest-africains n’avaient pas réussi à convaincre l’opposition, menée par l’influent iman Mahmoud Dicko, d’approuver son plan de sortie de crise, alors que les voisins et partenaires du Mali craignent que le pays, déjà miné par des violences notamment jihadistes, sombre dans le chaos

« Je pense que la Cédéao prendra des mesures fortes pour accompagner le Mali », avait déclaré jeudi dernier M. Issoufou avant de quitter la capitale malienne.

Le 10 juillet, la troisième grande manifestation contre le pouvoir avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers à Bamako, les pires dans la capitale depuis 2012, qui ont fait 11 morts selon le Premier ministre Boubou Cissé.

Une division de la Mission de l’ONU dans le pays (Minusma) parle de 14 manifestants tués. Le M5 évoque 23 morts.

– Quel gouvernement d’union? –

La Cédéao a notamment proposé le 19 juillet la formation d’un gouvernement d’union nationale, qui n’a toujours pas vu le jour, et d’une nouvelle Cour constitutionnelle sur une « base consensuelle », chargée de résoudre le litige autour des résultats des législatives de mars-avril, considéré comme le déclencheur de la crise actuelle.

Au climat d’exaspération, nourri depuis des années par l’instabilité sécuritaire dans le centre et le nord du pays, le marasme économique ou une corruption jugée endémique, est venue s’ajouter l’invalidation par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats de ces législatives.

Le mouvement de contestation M5-RFP, coalition hétéroclite de religieux, d’opposants politiques et de membres de la société civile, avait annoncé le 21 juillet une « trêve » jusqu’après la grande fête musulmane de l’Aid al-Adha prévue le 31 juillet, afin notamment de laisser la place à la diplomatie.

Mais des jeunes du mouvement, qui sont les fers de lance des mobilisations contre le président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans, ont réitéré dimanche leur appel à sa démission et annoncé la reprise des manifestations après le 3 août.

« Après la trêve, nos actions vont reprendre de façon harmonieuse et sans violence », a dit à l’AFP Abdourahmane Diallo, un responsable des jeunes. « Nous avons décidé aussi de reprendre la désobéissance civile le 3 août », a affirmé une autre jeune opposante, Mariama Keïta.

L’imam Dicko, figure centrale de la contestation que certaines sources proches des discussions estimaient prêt à faire preuve de souplesse, a douché les espoirs d’une sortie de crise rapide après avoir rencontré la délégation des cinq chefs d’Etat africains la semaine dernière.

« Rien n’a bougé pour le moment », a-t-il déclaré jeudi, le visage fermé, en sortant de la rencontre. « Je préfère mourir en martyr que de mourir en traître. Les jeunes gens qui ont perdu leur vie (lors des manifestations, ndlr) ne l’ont pas perdue pour rien », a-t-il ajouté.

– Dernier hommage aux Invalides –

Il reste « un groupe encore qui n’a pas donné son adhésion », avait reconnu le chef de la diplomatie du Niger, Kalla Ankourao, qui préside le Conseil des ministres de la Cédéao.

Officiellement, l’organisation régionale, accusée par des opposants d’être un « club de chefs d’Etat », se veut néanmoins optimiste. « Nous pensons que d’ici lundi le travail sera totalement achevé », avait dit M. Ankourao.

Pendant que la crise mobilise l’attention à Bamako, les violences se poursuivent en dehors de la capitale. Le corps du maire d’une commune de la région de Tombouctou, dans le nord, a été retrouvé « criblé de balles » ce weekend, une dizaine de jours après avoir été enlevés par des hommes armés.

Jeudi dernier, un jeune soldat d’origine malgache de la force antipodiste française au Salhel Barkhane a perdu la vie lors que son engin blindé a sauté au contact d’un véhicule suicide chargé d’explosifs, également dans le nord du Mali. Un dernier hommage devait lui être rendu lundi aux Invalides, à Paris, selon l’état-major français.

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