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Au Cachemire indien, un retour à l’école sous les nuages

Au coeur d’une prairie luxuriante entourée de montagnes et de forêts de pins, sous un ciel nuageux, Tasleem Bashir, assise en tailleur et penchée sur ses manuels scolaires, ne peut cacher sa joie de retrouver l’école.

L’adolescente de 14 ans figure parmi les centaines d’élèves qui reprennent les cours en plein air à Doodhpathri, dans la région himalayenne du Cachemire indien, alors que le coronavirus poursuit son périple funeste à travers l’Inde, où il a fait environ 26.000 morts.

« Cela fait tellement de bien d’avoir école dans cet air frais. A la maison, je n’étudiais pas beaucoup parce qu’il y a beaucoup de tâches ménagères à faire », confie Bashir.

« Après les cours, je m’assois avec des amis et nous jouons ensemble avant de rentrer à la maison », raconte-t-elle.

Chaque jour, parents et grands-parents aident les écoliers à gravir les pentes escarpées pour atteindre la pelouse verdoyante où ont lieu les cours, à 2.730 mètres d’altitude.

Pendant les récréations, certains écoliers trempent leurs pieds dans les ruisseaux gelés, alimentés par la fonte des glaciers. Après les cours, d’autres se jettent à l’eau avant de rentrer chez eux.

Dans cette région en proie à des troubles et avant même l’épidémie, la scolarité de nombreux écoliers était déjà perturbée par un couvre-feu imposé depuis un an par New Delhi après la suppression controversée de l’autonomie de la région.

L’Inde et le Pakistan se disputent le Cachemire, une région à majorité musulmane divisée de fait entre les deux pays depuis la partition de l’empire colonial britannique en 1947, et en proie à une insurrection séparatiste dans la partie indienne.

Faute de moyens pour s’offrir des smartphones et avec un accès limité à internet dans de nombreux villages isolés, beaucoup d’élèves n’ont pas pu suivre les cours en ligne mis en place pendant le confinement.

Les parents n’ont eu d’autre choix que d’en appeler aux autorités locales.

– Masques et gel hydroalcoolique –

« Nous avons décidé d’organiser les cours en plein air pour ces enfants, où l’on respecte la distanciation sociale », raconte Mohammad Ramzan, un responsable du département local de l’Education.

L’Inde, avec plus de 1,5 million de cas de Covid-19, est le troisième pays le plus touché en nombre d’infections. Jusqu’à la semaine dernière, le Cachemire a rapporté 16.000 cas, dont 273 mortels, pour 14 millions d’habitants.

Les professeurs, qui apportent des tableaux blancs, font cours pendant trois à quatre heures dans cette école à ciel ouvert.

« Je me sentais mal à l’idée de recevoir mon salaire en restant à la maison », témoigne l’enseignant Manzoor Ahmad qui préfère le plein air des collines aux « salles de classe exiguës ».

Dans cette prairie, les élèves venant de 15 villages voisins disposent de masques et de gel hydroalcoolique et sont répartis en plusieurs groupes selon leur âge.

Shabnam, 12 ans, marche plus d’un kilomètre et demi pour assister aux cours.

« Je croyais que l’école était finie pour de bon et que je ne reverrais plus jamais mes camarades », confie-t-elle.

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