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à Gueugnon, les « Forgerons » entre souvenir et avenir

Les « Forgerons », Petits Poucets de la Coupe de la Ligue: sacré en 2000, Gueugnon restera l’unique vainqueur de deuxième division de l’épreuve. Aujourd’hui, le petit club bourguignon, qui a connu entretemps l’Europe et une liquidation, se reconstruit loin du professionnalisme.

Le 22 avril 2000 au Stade de France, une bourgade de 8.000 habitants a triomphé de la capitale. En battant le Paris SG (2-0), le FCG s’est offert un moment d’éternité qui, vingt ans plus tard, oeuvre toujours sur son développement.

Sur les bords de l’Arroux, le stade Jean-Laville, avec ses 14.000 places et ses deux tribunes rénovées, évoque le passé glorieux des « Forgerons » et leurs 37 saisons en D2, mais sa pelouse délabrée trahit une dernière décennie moins rutilante.

« On a les deux mondes qui se côtoient, le professionnel hérité de notre histoire, et l’amateur qui incarne notre présent. Nous sommes plus proches du second », souligne Bernard Canard, le président du FCG. Près de lui, la Coupe de la Ligue trône à côté d’un fanion de la finale aux couleurs délavées.

Ce trophée ne représente pas qu’un titre, mais aussi les vingt ans de crises et d’espoirs qui ont suivi sa quête. Il a été saisi par l’huissier en 2011 au moment de la liquidation du club, consécutive à une relégation en National en 2008 et à deux ans (2009-2011) avec l’ancien attaquant Tony Vairelles propriétaire qui ont précipité sa chute.

– Identité –

Il a été rendu un an plus tard, en même temps que Gueugnon entamait sa reconstruction. Aujourd’hui, la formation saône-et-loirienne évolue en National 3 (5e division), avec l’ambition de vite remonter en N2.

Aux manettes comme directeur sportif, on retrouve Richard Trivino, le gardien de l’épopée de 2000. « Je n’en parle jamais de cette finale! Je déteste vivre avec le passé », balaye-t-il avec un sourire. « C’est sûr que la Coupe de la Ligue a eu un impact énorme. On a joué un tour préliminaire de Coupe de l’UEFA (perdu contre l’Iraklis Thessalonique, NDLR)! Mais moi ce qui m’intéresse, c’est le prochain match! »

Les images affichés aux murs du siège parlent à sa place. Dans le stade, avant d’entrer sur la pelouse, les joueurs peuvent tourner la tête vers la photo de l’équipe demi-finaliste de la Coupe de France en 1991 avec Pascal Dupraz, ou celle qui a disputé l’unique saison du club en D1 (1995-1996) avec l’international Franck Jurietti ou Philippe Correia, l’actuel entraîneur.

« Ça laisse une certaine identité, parce qu’on sait très bien que ça se perd très vite. C’est important pour nous de léguer certaines valeurs », explique ce dernier, qui a remarqué que ce passé a un prix: « On est toujours l’équipe à battre! »

– « L’histoire nous aide » –

« On garde une certaine culture. On fait du simili-pro », estime de son côté l’intendant Michel Berthommier, champion de France de D2 en 1979 avec le FCG, qui avait alors refusé sa montée en D1 pour éviter la professionnalisation du club. C’était une époque où les joueurs travaillaient également pour l’aciérie voisine. Du terrain d’entraînement de la plaine du Vieux-Fresne, est toujours visible la tour de recuit de l’usine aujourd’hui exploitée par Aperam.

Avec ses 30 salariés, la majorité des joueurs, le club tente de se structurer, en s’appuyant notamment sur son stade, qui a accueilli des matches amicaux entre équipes pro ou des stages d’été pour les jeunes.

« L’histoire nous aide. Nous ne sommes pas là pour la renier », reconnaît le président Canard. Mais le club est condamné à ne pas s’enfermer dans ses souvenirs.

Fragilisé par sa liquidation qui l’a contraint à repartir de zéro, le FCG doit continuer à grandir pour tenir le choc économiquement: « La difficulté, c’est de mettre un budget tous les ans dans ce club. C’est une remise en cause quotidienne », poursuit-il.

La crise du Covid-19 a provoqué une baisse d’environ 10% du budget, estimé autour de 620.000 EUR, et a contraint le club à ne pas renouveler ses trois contrats fédéraux, les plus onéreux. Mais la sortie en juillet d’un nouveau logo, à l’occasion des 80 ans du FCG, symbolise cet allant que les dirigeants veulent maintenir.

« Il faut vite qu’on gravisse les échelons parce que cette notoriété, à un moment, va disparaître. Il faut au moins monter en National 2 », abonde Correia. Le Petit Poucet a jalonné le chemin.

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