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Les derniers moulins roumains se cherchent un destin

Ils pourraient acheter pain et farine dans le commerce mais Aloïs et Iosif s’entêtent à donner du grain à moudre à leurs pittoresques moulins à eau, des outils centenaires qu’ils sont parmi les derniers à utiliser en Roumanie.

« Je suis resté le dernier, tous les autres sont partis », se désole Iosif Kapic, 57 ans, venu broyer du maïs pour ses taurillons et ses cochons, comme il le fait depuis sa jeunesse, une ou deux fois par semaine, dans une petite construction de chêne située à l’écart du village de Garnic.

Le long des cours d’eau de cette région traversée par le Danube, dans le sud-ouest de la Roumanie, les vieux moulins s’égrènent comme des perles.

« Celui-ci a 150 ans. J’ai juste remplacé les tuiles, mais le bois et la meule sont ceux d’origine », ajoute le meunier, montrant le cabanon cerné par la végétation.

Dans le village de M. Kapic, comme dans toute cette province du Banat, les moulins étaient détenus en commun par plusieurs familles qui venaient y moudre des graines à tour de rôle.

Mais l’émigration a vidé cette région rurale. Fondée il y a près de 200 ans par des colons venus de Bohême, la localité de Garnic ne compte plus que 230 habitants et le son des meules broyant les graines dorées s’éteint progressivement.

« Avant nous étions une dizaine à nous en servir, mais les jeunes sont tous partis travailler en République tchèque et de plus en plus de vieux achètent leur pain à la boulangerie », constate Aloïs Nemecek, un modeste agriculteur qui continue de faire fonctionner l’un des dix moulins du village.

A 65 ans, M. Nemecek « ne peut déjà plus travailler comme avant » et voit arriver le temps où il ne ramènera plus du petit cabanon la farine avec laquelle son épouse et lui confectionnent encore leur pain.

Délaissés, les autres moulins de Garnic sont en piteux état: les canaux amenant l’eau sont bouchés et les roues figées.

Convaincue de la valeur de ce patrimoine, l’association « Acasa in Banat » (Chez nous dans le Banat) a lancé un projet visant à rénover ces constructions et à les intégrer dans un circuit touristique.

Mi-juillet, une soixantaine de volontaires ont nettoyé la rivière Camenita qui traverse le village, remplacé des tuiles, renforcé les fondations et peint le bois.

« Notre but est de maintenir en vie ces moulins », 250 au total dans le Banat, dont environ 150 peuvent encore fonctionner, indique à l’AFP la vice-présidente de cette ONG, Nicoleta Trifan.

Cela est « bénéfique pour les villageois qui pourront gagner un peu plus d’argent en vendant par exemple de la farine bio aux touristes », ajoute-t-elle.

La présence de vacanciers pourrait encourager la famille de Vencl Sramek à cuire à nouveau du pain, comme elle le faisait il y a encore quelques années. « Rien ne se compare au goût de la +pita+ faite maison », dit, nostalgique, cet homme âgé de 72 ans.

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