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Mondiaux de natation: Muller a réappris à « se faire mal »

Brutalement soufflée en 2016, la quête inassouvie de gloire olympique d’Aurélie Muller se ravive avec le 10 km en eau libre des Championnats du monde de natation, porte d’entrée aux JO-2020, dimanche à Yeosu, en Corée du Sud.

Avant de s’y frotter, la double tenante du titre planétaire a dû réhabituer son corps à « se faire mal ». Car après avoir conservé la couronne mondiale du 10 km – et l’avoir assortie de l’argent du 5 km et de l’or en relais par équipe mixte – à l’été 2017 en Hongrie, Muller a ralenti le rythme le temps d’une année pour privilégier ses études de diététique.

« Ça faisait deux ans que je n’avais pas vraiment travaillé comme je l’avais fait l’année des Jeux. C’est long. Après Rio, j’ai pris deux mois de vacances. Avec les restes du travail que j’avais fait, j’ai gagné assez tranquillement aux Mondiaux 2017. La saison suivante, je n’ai nagé qu’une fois par jour (au lieu de deux). Et j’ai repris à fond en septembre dernier », retraçait-elle à la mi-avril.

« Mon corps a un peu perdu la notion de travail, de se faire mal. Il a oublié », s’impatiente-t-elle alors.

– Aucun regret –

Pour autant, la Lorraine de 29 ans ne regrette « pas du tout » d’avoir mis temporairement la pédale douce. Au contraire.

« Il n’y a pas très longtemps encore, je me suis dit heureusement que j’ai fait ce choix-là, ça m’a fait énormément de bien au niveau physique, mental… Sinon, je n’aurais pas tenu », estime-t-elle.

Quand elle reprend l’entraînement à plein régime à la rentrée, toujours sous la houlette de Philippe Lucas à Montpellier, mais dans un groupe qui s’est encore densifié, Muller tire la langue les premiers mois.

« La dureté des entraînements a augmenté, ce qui a été encore plus compliqué (à gérer) pour moi après mon année allégée, raconte-t-elle. J’ai repris très fort, mon corps n’avait plus l’habitude. »

2019 débute aussi péniblement. « Je pensais que janvier, février, mars, ça allait rouler comme avant mais, en fait, non. J’étais en dedans, mon corps ne répondait pas comme j’avais envie, je ne faisais pas les séances, les temps que je faisais avant. Je n’arrivais pas à trouver mes marques, les bonnes sensations », décrit Muller. S’en mêlent ses cervicales, « un pincement entre deux vertèbres, un peu d’arthrose », ce qui l’oblige à écourter un stage. Pas dans ses habitudes et de nature à multiplier ses interrogations.

« Forcément, quand on est blessé, on se pose encore plus de questions : est-ce que j’y vais trop fort, pas assez ? », illustre-t-elle.

– Aux JO avec un top 10 –

Bon an mal an, Muller fait néanmoins ce qu’il faut pour se qualifier pour les Mondiaux-2019 qualificatifs pour les JO-2020 (top 10 en Coupe du monde à Abu Dhabi début novembre et top 2 français en Coupe d’Europe à Eilat fin mars).

Et une cinquième place au bout d’une « très bonne course » en Coupe du monde aux Seychelles à la mi-mai, dans laquelle elle a « pris les devants » et où ne lui ont « manqué que les derniers 500-1000 mètres », puis un harassant mais probant stage de trois semaines en Sierra Nevada (Espagne) plus tard, la voilà « vraiment rassurée », assure-t-elle à l’AFP.

Avant de plonger dans les eaux du sud-ouest coréen, Muller a les idées très claires : avant tout, empocher un billet pour Tokyo l’été prochain. Même si un podium la « mettrait vraiment en confiance pour l’année suivante », avoue-t-elle.

Pour la qualification olympique, la règle du jeu est simple: se classer parmi les dix premières du 10 km (départ à 01h00 du matin heure française). L’autre Française engagée, Lara Grangeon, aura le même objectif. Le tour des messieurs, avec Marc-Antoine Olivier, médaillé de bronze olympique en 2016, et David Aubry, viendra lui mardi.

Et au-delà de la chasse aux sésames tokyoïtes sur 10 km – la seule distance olympique de la discipline – les Bleus de l’eau libre ambitionnent de rejouer à Yeosu le feu d’artifice (4 titres, 6 médailles) dont ils avaient illuminé le lac Balaton il y a deux ans.

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