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Avocats à la CPI: Libérez inconditionnellement Gbagbo de la Côte d'Ivoire

LA HAYE, PAYS-BAS –
Les avocats de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo ont exhorté jeudi les juges de la Cour pénale internationale à lever les conditions qu'ils lui avaient imposées l'année dernière lors de sa libération suite à son acquittement pour crimes contre l'humanité.

Gbagbo et l'ancien ministre de la jeunesse Charles Ble Goude ont tous deux été blanchis au début de l'année dernière de leur implication dans des violences meurtrières après les élections dans leur nation ouest-africaine.

Les procureurs ont fait appel des acquittements, exhortant les juges à appeler à un jugement, mais les deux hommes ont été autorisés à quitter la garde à vue en attendant l'issue de l'appel. Cependant, les juges ont imposé des conditions à leur liberté, notamment le fait de devoir remettre leur passeport, de ne pas quitter le pays qui les héberge, de se présenter chaque semaine à la police ou au tribunal et de ne pas contacter les témoins ou parler aux médias de leur cas.

Des dizaines de partisans ont assisté à l'audience de jeudi, saluant Gbagbo de la galerie publique à l'ouverture de l'affaire. Gbagbo sourit et lui fit un signe de la main. Il n'était pas immédiatement clair quand le tribunal déciderait de libérer Gbagbo et Ble Goude.

Leurs partisans espéraient que les juges les libéreraient.

"Aujourd'hui, nous attendons quelque chose qui aurait dû se produire il y a longtemps. Nous ne nous attendons pas seulement à – nous savons que cela va se produire aujourd'hui. C'est un jour pour la liberté. C'est un jour pour célébrer", a déclaré Njoh Fabrice Frisson à l'extérieur du tribunal.

S'exprimant au nom de Gbagbo, le professeur de droit international Dov Jacobs a déclaré aux juges qu'ils n'avaient pas le droit de restreindre la liberté de l'ex-président.

Il a déclaré qu '"en principe, aucune restriction ne peut être imposée à la liberté d'une personne acquittée. Cette personne devrait pouvoir jouir de tous ses droits, y compris ses droits civils et politiques".

Si les juges acceptent de lever les conditions, cela ouvrirait la voie au retour de Gbagbo et Ble Goude chez eux près de neuf ans après que Gbagbo a été évincé du pouvoir par la force.

La possibilité du retour de Gbagbo aggrave déjà les tensions politiques dans une année d'élection présidentielle. Dans des observations écrites à la cour, le gouvernement ivoirien a fait valoir que la libération inconditionnelle de Gbagbo – le renvoyant effectivement à rentrer chez lui – pourrait raviver les tensions mêmes qui l'ont conduit à être jugé.

Le leader sortant de la Côte d'Ivoire, Alassane Ouattara, qui a finalement prévalu en 2011, a indiqué qu'il pourrait tenter de purger un troisième mandat si Gbagbo tentait de se présenter à nouveau. Cela impliquerait de réviser la constitution avant octobre, et l'opposition a déjà averti qu'une telle décision pourrait conduire à des troubles sociaux généralisés.

Gbagbo a officiellement reçu près de 46% des voix en 2010 et maintient une base solide de partisans qui allèguent qu'ils ont été exclus du processus de réconciliation dans les années qui ont suivi son éviction.

Le parti de Gbagbo, le Front populaire ivoirien, s'est scindé en deux factions en 2014 et a été assailli par des luttes intestines ces dernières années. Un côté a été dirigé par l'ancien Premier ministre Pascal Affi N'Guessan, qui s'est distancié politiquement de Gbagbo après son éviction, tandis que la femme de Gbagbo joue un rôle de premier plan dans l'autre faction.

Selon les médias, ces différences semblent être en voie de guérison après une apparente rencontre entre les deux hommes le mois dernier à Bruxelles.

L'épouse de Gbagbo, Simone Gbagbo, 70 ans, a été graciée en août 2018 après avoir purgé trois ans d'une peine de 20 ans pour atteinte à la sécurité de l'État en Côte d'Ivoire. Elle vit à Abidjan, où elle occupe le poste de deuxième vice-présidente de la faction du parti connue sous le nom de GOR (l'acronyme français de Gbagbo ou Nothing).

Les juges de la CPI ont acquitté Gbagbo et Ble Goude de leur implication dans des violences qui ont fait plus de 3 000 morts au lendemain des élections présidentielles de 2010. Les juges ont suspendu leur procès à mi-parcours, affirmant que les procureurs n'avaient pas prouvé leur cas.

L'avocat du procureur Reinhold Gallmetzer a déclaré au tribunal que si leur appel était accepté et qu'un procès était déclaré nul, les procureurs demanderaient un nouveau procès.

Il a déclaré que les juges ne devraient pas reconsidérer les conditions car les circonstances qui ont conduit les juges à les imposer l'année dernière n'ont pas changé.

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L'écrivaine d'Associated Press Krista Larson à Dakar, au Sénégal, a contribué à ce rapport.

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