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Escalade inquiétante des violences dans le nord-ouest du Nigeria

Une centaine de villageois ont été tués par des « bandits » cette semaine, dans l’Etat de Sokoto, dans le nord-ouest du Nigeria, une région devenue le théâtre d’intenses violences qui inquiètent les spécialistes de la sécurité dans la région.

« Nous avons retrouvé 74 corps dans les cinq villages qui ont été attaqués » mercredi soir, a rapporté jeudi à l’AFP Lawal Kakale, chef communautaire pour le district de Sabon Birni, près de la frontière avec le Niger, à 175 km de Sokoto, la capitale de l’Etat.

Un précédent bilan de source hospitalière à Sabon Birni faisait état de 60 morts, et de « nombreux blessés par balles ».

« 25 personnes ont été tuées à Garki, 13 à Dan Aduwa, 25 à Kuzari, sept à Katuma et 4 à Masawa », a énuméré ce dirigeant traditionnel, expliquant que les villageois ont fui « dans toutes les directions et ont été poursuivis par les assaillants tout autour des villages ».

« C’est pour cela que les chiffres ne cessent d’augmenter », a-t-il ajouté, notant que les victimes commençaient à être enterrées, dans cette région en immense majorité musulmane.

Ces attaques, particulièrement meurtrières, s’ajoutent à d’autres commises dans le même district, lundi, lors desquels 18 personnes ont été tuées, selon des sources locales.

Lors des attaques de mercredi soir, « tous les morts ont été abattus par balles, et la plupart ont été visés à la tête », a rapporté une autre source hospitalière, laissant en imaginer la violence.

Des dizaines d’hommes armés sont arrivés à moto dans plusieurs villages du district de Sabon Birni, et ont ouvert le feu aux alentours de 20H00 (19H00 GMT) sur les maisons, où vivent des petits agriculteurs et des éleveurs de bétail, a expliqué à l’AFP un chef traditionnel local.

Le gouverneur de l’Etat, Aminu Waziri Tambuwal, a présenté ses condoléances aux « nombreuses victimes » et a assuré « travailler avec le gouvernement fédéral » pour trouver une réponse à l’escalade des violences qui gangrènent peu à peu la région.

Le nord-ouest du Nigeria est le foyer depuis de nombreuses années de groupes criminels, appelés communément « bandits », qui terrorisent les populations, commettent des attaques contre les civils pour voler le bétail ou les terres, et se livrent à des enlèvements contre rançon.

– Le Niger à la rescousse –

Ces violences ont causé la mort de quelque 8.000 personnes depuis 2011 et ont déplacé plus de 200.000 civils, selon les estimations des chercheurs de l’International Crisis Group (ICG).

« La majorité des attaques ont eu lieu dans l’Etat de Katsina », a expliqué à l’AFP Nnamdi Obasi d’ICG pour le Nigeria, « Mais maintenant, les violences s’étendent aux autres Etats voisins ».

Ces groupes n’agissaient jusqu’à présent sous aucune influence idéologique, mais l’ICG et divers observateurs en sécurité s’inquiètent que le nord-ouest du Nigeria puisse devenir une « passerelle » entre les différents mouvements jihadistes du Sahel et de la région du lac Tchad, à l’est du Nigeria, où sévit Boko Haram.

Deux groupes émanant de Boko Haram, Ansaru, lié à Al-Qaïda et le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap), « gagnent du terrain dans la région, en tissant des liens importants avec les populations locales, les groupes armés d’éleveurs nomades et les bandes criminelles », note l’ICG.

L’aviation nigériane mène des raids depuis la semaine dernière, notamment dans les Etats voisins de Zamfara et Katsina, et a affirmé avoir tué des centaines de combattants dans des bombardements ciblés.

Toutefois, des sources locales dans l’Etat de Sokoto ont affirmé à l’AFP que les villageois devaient faire appel aux soldats du Niger voisin pour les protéger.

« Les soldats venus du Niger sont ceux qui nous aident à nous protéger des bandits », affirme un chef traditionnel, à la suite de propos similaires lancés par un responsable politique local, aussitôt démentis par les autorités nigérianes.

« L’armée nigériane est surmenée et déployée sur de nombreux fronts », explique M. Obasi d’ICG. « Mais l’Etat nigérian doit renforcer la sécurité de son territoire, notamment le long de ses frontières ».

Dans certains Etats, les autorités ont tenté de mener des pourparlers de paix entre les civils organisés en milices d’autodéfense et les bandits, mais jusqu’à présent, les deux camps refusent de déposer les armes, dans un contexte incertain.

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