in

« Il y a 50 ans, on courait coûte que coûte »

« Il y a 50 ans, on courait coûte que coûte », se rappelle Richard Attwood, vainqueur en 1970 des 24 Heures du Mans, qui auraient dû se tenir ce week-end, au volant de la légendaire Porsche 917.

Sous une pluie diluvienne, il avait alors offert, avec Hans Herrmann, sa première victoire au constructeur allemand, qui en a ajouté 18 autres depuis, un record.

« C’était pour nous le seul moyen de gagner de l’argent », alors que les pilotes automobiles étaient encore loin de jouir de contrats mirifiques et couraient chaque week-end dans des catégories différentes, se remémore-t-il dans un entretien avec l’AFP.

Cinquante ans plus tard, la course mancelle sera virtuelle samedi et dimanche, la « vraie » ayant été reportée aux 19-20 septembre pour cause de coronavirus.

Porsche sera représenté dans les deux épreuves mais la firme de Zuffenhausen ne vise plus une victoire au classement général, car elle n’est engagée qu’en catégories GT et non prototypes.

En 1970, c’est celle qui demeure la plus célèbre des Porsche de compétition qui avait triomphé.

Véritable monstre de puissance à la silhouette basse et fluide, la 917 reste liée à l’histoire de l’épreuve mancelle pour ses deux victoires (1970 et 1971) mais aussi pour avoir été immortalisée dans le film de Steve McQueen « Le Mans ».

Richard Attwood a participé tant à la course de juin, sous une pluie diluvienne, qu’à sa version hollywoodienne, tournée en septembre sur la piste mancelle avec les vraies voitures qui avaient couru cette année-là.

1970 a aussi vu le dernier départ des bolides en « épi ». Certes, les pilotes ne couraient plus pour rejoindre leurs véhicules, après l’accident mortel de John Woolfe l’année précédente et le mouvement de protestation de Jacky Ickx contre ce type de départ, mais ceux-ci étaient toujours disposés de cette façon, les pilotes, sanglés à bord, attendant le baisser du drapeau.

A partir de 1971, l’épreuve adoptera le départ lancé, les voitures les unes derrière les autres en fonction de leur ordre de qualification, toujours de rigueur.

« Le départ a été absolument fou », se souvient Richard « Dickie » Attwood. « Les pilotes sont partis à fond comme pour un Grand Prix de Formule 1. »

– Moucherons écrasés –

C’est Hans Herrmann qui avait pris le départ et après 12 heures dantesques, leur 917 rouge et blanche s’est emparée de la tête pour ne plus la quitter jusqu’à l’arrivée, gagnant avec 5 tours d’avance sur une autre 917.

Véritable « voiture à battre » en 1970 et 1971, avant d’être écartée des pistes par un changement de réglementation, la Porsche 917 n’avait pourtant pas commencé sa carrière sous les meilleurs auspices.

Conçue par le célèbre ingénieur Hans Mezger, décédé mercredi à l’âge de 90 ans, elle a été construite avec les moyens de l’époque, c’est-à-dire sans véritable étude aérodynamique. Ses premières versions étaient notoirement instables à haute vitesse.

C’est après avoir soigneusement étudié les traces de moucherons écrasés sur la voiture qu’un ingénieur britannique a identifié le problème lié à un manque d’appui sur l’arrière et redessiné la carrosserie.

« En 1969, elle était un cauchemar à conduire. Jamais je ne voudrais me retrouver au volant d’une telle voiture », se rappelle Attwood. La version revue de 1970 (et de 1971) était par contre « facile à piloter », malgré la puissance de son douze cylindres et les 380 km/h atteints dans la ligne droite des Hunaudières, qui n’était pas encore équipée de chicanes.

Le pilote britannique a longtemps gardé une Porsche 917 dans sa collection personnelle, mais ce n’était pas celle avec laquelle il remporta la célèbre épreuve. « C’était le châssis 22, alors que nous avons gagné avec le châssis 23 qui portait aussi le numéro de course 23, mais c’est une coïncidence », souligne-t-il.

Il l’a vendue il y a 20 ans alors que les Porsche 917 atteignaient déjà des prix très respectables sur le marché de la collection. Ils sont devenus aujourd’hui stratosphériques.

« Mais j’en conduis une encore une fois par an en moyenne », lors de courses de voitures de course d’époque, confie Attwood, aujourd’hui âgé de 80 ans. « Je les connais bien, ce sont d’extraordinaires voitures ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

GIPHY App Key not set. Please check settings

    le feu à bord du sous-marin nucléaire Perle a été éteint

    l’homme armé qui s’est suicidé au tribunal recherchait « des magistrats mafieux »