Israël établit une liste secrète de centaines de responsables avant une décision de la Cour pénale internationale (CPI) sur l’opportunité d’enquêter sur les crimes de guerre présumés dans les territoires palestiniens, selon les médias israéliens.
La liste est composée de 200 à 300 militaires et responsables du renseignement, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Benny Gantz, a rapporté jeudi le quotidien israélien Haaretz. Les responsables de la liste pourraient être arrêtés à l’étranger si la CPI ouvre une enquête sur les crimes de guerre présumés commis par Israël à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Les autorités israéliennes gardent la liste secrète car sa révélation pourrait mettre les officiels sur la liste en danger, a indiqué le quotidien. La considération est que la CPI est susceptible de considérer une telle liste comme une reconnaissance officielle israélienne de son implication dans les affaires sous enquête.
La CPI devrait bientôt prendre une décision sur l’opportunité de confirmer la proposition de Fatou Bensouda, le procureur en chef de la CPI, de lancer une enquête sur les crimes de guerre israéliens présumés en Palestine depuis 2014, l’année de l’opération Bordure protectrice.
La CPI a lancé une enquête préliminaire en 2015 sur les allégations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité en Israël et en Palestine. L’enquête préliminaire de près de cinq ans a porté sur la guerre de Gaza de 2014, qui a fait 2 251 morts du côté palestinien, la majorité des civils, et 74 du côté israélien, pour la plupart des soldats. Le problème est très sensible, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, John Bolton, menaçant d’arrêter les juges de la CPI s’ils se déplacent contre Israël ou les États-Unis.Il a également examiné la violence près de la frontière entre Israël et Gaza en 2018.
En décembre dernier, le procureur de la CPI a refusé de porter plainte pour un raid meurtrier israélien de 2010 contre une flottille apportant de l’aide à Gaza et a demandé la fermeture de l’enquête. Neuf militants turcs à bord du navire humanitaire Mavi Marmara, qui faisait partie d’une flottille se rendant dans la bande de Gaza pour acheminer de l’aide humanitaire, ont été tués le 31 mai 2010, lorsque les troupes israéliennes ont pris d’assaut le navire en mer avant qu’il n’atteigne les territoires palestiniens. Une 10e victime a succombé à ses blessures en 2014 après avoir été dans le coma pendant des années.
La CPI a le pouvoir d’entendre les cas de crimes de guerre, de génocide et de crimes contre l’humanité commis sur le territoire des 123 pays qui y ont adhéré. Israël et les États-Unis ont tous deux refusé de s’inscrire à la Cour, qui a été créée en 2002 pour être le seul tribunal mondial jugeant les pires crimes du monde. Les Palestiniens, qui ont adhéré à la CPI en 2015, ont déjà accepté la compétence de la cour mais ont à plusieurs reprises exhorté la cour à aller plus vite.
Encouragé par la soi-disant proposition de Trump « Deal of the Century », Netanyahu a annoncé en mai qu’Israël annexerait officiellement la vallée du Jourdain et tous les blocs de colonies en Cisjordanie occupée.
La Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, est considérée comme un territoire occupé en vertu du droit international, rendant ainsi illégales toutes les colonies juives – ainsi que l’annexion envisagée. Les responsables palestiniens ont menacé d’abolir les accords bilatéraux avec Israël si elle poursuivait l’annexion, ce qui compromettrait davantage une solution à deux États. La Turquie et une grande partie de la communauté internationale ne reconnaissent pas la souveraineté d’Israël sur les territoires qu’elle occupe depuis 1967.
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