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Kojiro Shiraishi, un Japonais dans le Landerneau de la course au large

Sabre à la ceinture et costume traditionnel de combattant, le Japonais Kojiro Shiraishi avait impressionné le jour de son départ du Vendée Globe, en 2016. Quatre ans plus tard, il revient pour un nouveau tour du monde avec un bateau ultra performant, des sponsors et un statut de marin pro.

« Kojiro aujourd’hui, c’est génial, il a la chance et le talent de rencontrer un sponsor, d’avoir un bateau flambant neuf, un bateau volant, il est vu un peu comme un ovni dans notre petit Landerneau de la course au large », raconte à l’AFP le navigateur émérite Roland Jourdain, qui aide Shiraishi depuis leur rencontre, il y a quatre ans.

Kojiro Shiraishi, installé à Kamakura, une ville côtière au sud de Tokyo, s’est pris très tôt de passion pour la course au large. Formé à la marine marchande, il rêvait de tour du monde. Sa rencontre avec le tour-du-mondiste Yukoh Tada a scellé son sort de marin aventurier.

Tada a transmis son savoir à Shiraishi, avant de se suicider en 1991. A chacun de ses bateaux, Shiraishi a ensuite donné le nom de ‘Spirit of Yukoh’. Le tout premier fut celui avec lequel il est parti seul faire le tour du monde durant 176 jours. C’est encore sous le nom de ‘Spirit of Yukoh’ qu’il a pris le départ du Vendée Globe, en 2016, à bord d’un bateau vieux de 10 ans.

– « Miracle » –

« J’ai connu le Vendée Globe grâce à mon maître, Yukoh Tada. J’étais venu voir le départ trois fois, j’étais comme toutes ces personnes qu’on voit sur les pontons. Et là, je me suis dit: un jour, je ferai cette course », se souvient pour l’AFP Kojiro Shiraishi.

« Le dernier projet était un projet de dernière minute. Arriver au départ était déjà une grande victoire. En étant Japonais, pouvoir faire le Vendée Globe est extrêmement difficile, c’est comme si un Français partait au Japon pour faire du sumo ! Il y a eu un miracle », poursuit-il.

La magie du mythique tour du monde n’aura opéré que quelques semaines. Un mois après le départ, son mât se brisait au large de l’Afrique du sud.

« Ca m’a bouleversé. C’était un rêve de 30 ans qui s’achevait prématurément. Mais en arrivant au Cap, j’ai vu tous les messages de soutien », se rappelle le skipper nippon, qui s’est alors dit: il y a encore un engouement derrière moi, ce n’est pas terminé, c’est juste un début pour dans 4 ans ».

– « Vraiment zen » –

Son bateau a alors été envoyé au Japon et il en profité pour partager sa passion avec le public – qui l’avait suivi grâce aux deux grandes chaînes de télévision NHK et TV Asahi – et des sponsors qu’il a emmenés en mer. Parmi eux, DMG Mori, un puissant fabricant de machines-outils, devenu son partenaire principal pour le Vendée Globe 2020/2021, dont le départ sera donné le 8 novembre aux Sables d’Olonne (Vendée).

Aujourd’hui, à 53 ans, le marin japonais peut se targuer d’avoir un bateau nouvelle génération capable de « voler », construit pour lui – un sistership (bateau jumeau) du monocoque Charal skippé par Jérémie Beyou. Mais aussi d’avoir une vraie équipe autour de lui et de percevoir un salaire en tant que skipper.

Kojiro Shiraishi n’a pas baigné dans la culture de la course au large qui imprègne les côtes ouest françaises.

« C’est ce qui peut paraître faire son désavantage ou rendre bizarre le regard des autres par rapport à lui », relève Roland Jourdain. « Il n’est pas très extraverti, il ne parle pas français, très peu l’anglais, il a peu de contacts donc. Ce désavantage-là, en fait, est une force aussi, il se construit son monde intérieur, la façon dont il aborde sa course, il n’est pas désarçonné par tout ça ».

« Il est d’un naturel vraiment zen et ultra positif et, pour un Vendée Globe, c’est une force énorme », souligne Jourdain.

Shiraishi puise notamment sa force mentale dans l’Iaido, un art martial ancestral japonais, qui se pratique avec un sabre. Pour devenir enfin un finisher du Vendée Globe.

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